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LES GENIES 2006
4 mai 2006

L'importance de priere

La prière sauvegarde la tempérance, maîtrise la colère, abat l’orgueil, extirpe la rancune […] La prière est le sceau de la virginité et la fidélité du mariage. Elle est le bouclier des voyageurs, la garde de ceux qui dorment, la confiance de ceux qui veillent, la prospérité des agriculteurs, la sécurité des navigateurs (saint Grégoire de Nysse, Homélies sur la prière du Seigneur, 1, PG 44, 1120).

L’Évangile de ce dimanche nous propose une parabole du Christ destinée à affirmer l’importance de la prière et, notamment d’une prière continuelle et persévérante. Si cette veuve peut venir importuner le juge inique au point de le faire fléchir, combien plus notre prière trouvera dans le cœur du juste juge un accueil favorable !

Prier, c’est d’abord crier notre impuissance. Un des titres, et non des moindres, de l’Esprit Saint est celui de Père des pauvres (dans la séquence Veni Sancte Spiritu du jour de la Pentecôte). Cette indigence, cette indigence de la créature, est notre prière dès lors que nous la crions au seul Maître. Les récits de miracles opérés par le Christ témoignent de ce cri de l’aveugle de Jéricho, du lépreux de Galilée, de Jaïre, de Marthe et Marie, et de tant d’autres. Dans la tradition orientale, ce cri a façonné la prière de l’hésychiasme : Jésus, fils de David, aie pitié de moi pécheur ! Ce cri devient prière parce qu’il dévoile que, finalement, nous nous confions à un autre. La voilà la pauvreté de la créature devant la richesse incommensurable du Créateur ! La voilà l’humilité du pécheur devant la miséricorde infinie du Seigneur ! La voilà la simplicité de l’enfant devant les bras ouverts du Père prodigue !

Prier, c’est ensuite se confier radicalement à celui qui peut tout. C’est reconnaître notre pauvreté au point de ne plus mettre d’assises en nous-mêmes, mais tout « miser » sur celui à qui appartiennent le ciel et la terre, la mer et tout son peuplement. La prière d’abandon du P. Charles de Foucauld est éloquente de ce point de vue, puisque, par amour, elle abandonne tout l’être : Je remets mon âme entre tes mains, je te la donne avec tout l’amour de mon cœur, sans mesure, avec une infinie confiance, car tu es mon Père.

Cette confiance, cet abandon, cette remise de soi clôt nos journées dans la prière des Complies. En tes mains, Seigneur, je remets mon esprit. Et pourtant, il ne suffit pas qu’elle soit reléguée au terme d’une activité velléitaire, où nous mesurerions, finalement, notre incapacité à agir efficacement de nous-mêmes. Il s’agit plutôt de s’en remettre au seuil, au milieu et au terme de toute chose, à celui qui peut tout. Là se vérifie, la vigueur de notre confiance.

Il est une fête, dans la liturgie juive, au début de l’année liturgique, qui exprime cette disposition : la fête des Tentes célébrée quelques semaines après Rosh Ha-Shana (la « tête » de l’année) exprime cette confiance envers Dieu qui n’a jamais manqué de prendre soin de son peuple au désert en le faisant marcher de campement en campement. Par l’indigence des tentes, c’est l’occasion donnée à chaque croyant de rendre grâce pour cette Providence mille et mille fois réitérée, et en même temps l’enjeu de s’y confier à nouveau et ce, au début même de la nouvelle année.

Prier, c’est encore intercéder pour celui, pour celle, pour ceux qui en ont besoin. La puissante solidarité humaine qui nous lie les uns aux autres fait que nous sommes plus ou moins en charge les uns des autres dans l’ordre de la prière. Les compagnons du fameux paralytique de Capharnaüm pourraient nous servir d’exemple à ce sujet. C’est en voyant leur foi que le Christ procède au pardon des péchés de cet hommes, puis à sa guérison et à son relèvement. Pour nous, comme pour ces porteurs de brancards, l’acte de foi à faire est, à nouveau, un acte d’humilité. Il s’agit de confier notre impuissance, en dépit de notre ardeur inquiète, pour ce frère, pour cette sœur. Il s’agit également de les remettre à celui qui peut tout, quand il voudra, comme il voudra, et surtout… s’il le veut.

La vigueur de cette intercession témoignera de notre regard théologal sur nos proches, ceux qui nous sont confiés, et de façon plus large, sur tout être. Ce regard théologal vient élever et densifier notre regard humain souvent exagérément inquiet ou banalement indifférent. Mais ce regard participera à la communion des saints où toute prière élève le monde et fait descendre la bénédiction de Dieu sur ceux qui lui sont présentés. Dès lors, notre prière devient missionnaire en tant qu’elle désire que la tendresse infinie de Dieu touchent ceux, nous semble-t-il, qui en ont besoin. Notre cri insistant se joint à leur silence souffrant. Nos mains secourent les leurs, en attendant que le Christ lui-même prenne leur fardeau, car il est doux et humble de cœur.

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